La crise économique en Espagne a conduit près de 50.000 chevaux à l’abattoir en 2011. Environ 5000 équidés, des chevaux en grande majorité, sont sacrifiés chaque mois, en raison des difficultés financières des éleveurs ou des propriétaires. Et les abattoirs ont dû instaurer des listes d’attente afin de pouvoir traiter 165 animaux par jour tandis que le nombre d’abandons s’accroît.
C’est le quotidien « El Mundo » qui révélait ces chiffres en été 2012. Selon le journal, au premier trimestre de 2012, la situation a encore empiré cette année et le nombre d’équidés sacrifiés avait augmenté de 31,7% par rapport à la même période de 2011. Durant les trois premiers mois de cette année, 19.793 animaux ont été conduits chez le boucher. En 2010, seuls 7.000 équidés étaient abattus, contre 48.821 en 2011.
D’après « El Mundo », il n’y a pas de débouchés pour ces chevaux. Alors que la crise a mis 25% de la population espagnole au chômage – 50% chez les jeunes- les propriétaires ne peuvent plus subvenir aux besoins de leurs chevaux, dont les coût (pension, fourrage) sont estimés à environ 300 euros par mois.
Amener un cheval à l’abattoir n’est pas une pratique courante dans la Péninsule. La tendance est apparue ces deux dernières années. En Espagne, la viande de cheval n’est pas consommée. Elle est utilisée dans la nourriture pour animaux de compagnie ou exportée en France, Italie, Belgique ou Grèce.
Javier Conde, le président de l’Association nationale des éleveurs de chevaux de pure race espagnole (ANCCE), estime que les exploitations qui pratiquent l’élevage intensif sont les plus touchées, car la vente est compliquée, les prix obtenus sont bas et les coûts sont montés en flèche. Conde regrette que l’administration n’offre aucun appui aux éleveurs.
Un vétérinaire, Carlos Carreira, a déclaré au journal qu’il connaissait des éleveurs qui avaient sacrifié tout leur cheptel. Le problème a surgi en 2008 et 2009 et s’est considérablement aggravé en 2010 et 2011. Il a expliqué qu’une jument sacrifiée – les femelles sont les premières à être éliminées- ne rapporte pas plus de 150 euros, alors que durant les bonnes années, elles valaient environ 6.000 euros, et même certaines partaient à 50.000 euros, si elles étaient de qualité exceptionnelle. Les équidés sacrifiés ne sont ni vieux, ni en mauvais état. Ils sont souvent de pure race et inscrits au livre généalogique.
Le nombre de chevaux abandonnés a augmenté de 80% ces 18 derniers mois, selon le journal. Si bien que, durant des périodes comme l’été quand la sécheresse règne, les animaux livrés à eux-mêmes cherchent de la nourriture partout, même à proximité des routes, provoquant ainsi une trentaine d’accidents par mois.
Catégories :Elevage
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